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La cistude d'Europe
Espèce protégée, la cistude d’Europe est une petite tortue aquatique qui vit majoritairement en eau douce. Elle peut vivre plusieurs dizaines d’années mais l’espèce est depuis 2014 « en danger d’extinction » dans une partie de l’Occitanie. La dégradation de ses habitats et de la captivité par l’Homme sont les principales causes de sa disparition.
Espèce protégée, il est interdit de déplacer et de capturer la cistude d'Europe - Photo Gilles Pottier/Nature en Occitanie
Au début de sa vie, la tortue fait la même taille qu’une pièce de 1€. À l’âge adulte, la cistude d’Europe (Emys orbicularis) peut atteindre les 15 centimètres et peser en moyenne entre 500 gr et 600 gr. Confondue avec la tortue de Floride (Trachemys scripta elegans), la cistude d’Europe a une peau tachetée de points jaunes alors que sa cousine Américaine a des rayures jaunes et parfois des tempes rouges.
Animal « dit » à sang froid, la cistude a besoin du Soleil pour se thermoréguler : sur un tronc d’arbre, sur une pente douce, sur des installations humaines et toujours à proximité du point d’eau, elle peut passer plusieurs heures immobiles pour se réchauffer. Pendant l’hiver, son rythme de vie est au ralenti à l’abri dans la vase. La cistude est une tortue aquatique qui prospère en eaux douces à courant nul ou faible comme les zones humides, les mares ou en milieu semi-naturel dans des lacs artificiels ou des canaux. Carnivore, cette tortue se nourrit d’invertébrés présents dans le milieu aquatique. Ses prédateurs sont multiples : d’une part à la période juvénile avec les oiseaux, les mammifères et d’autre part avec les rapaces, les chiens à l’âge adulte. En bonne santé, elle peut vivre entre 40 ans et 60 ans.
La cistude d’Europe atteint sa majorité sexuelle entre 8 et 10 ans. L’accouplement se produit dans l’eau et la femelle retrouve la terre pour creuser un trou dans une prairie ou un talus exposé au Soleil et y déposer moins d’une dizaine d’œufs.
Comme tous les animaux à sang froid, la cistude a besoin de plusieurs heures ensoleillement pour réguler sa température corporelle - Photo Laurent Barthe/Nature en Occitanie
Face à l’Homme, la tortue est « très farouche, elle entend très bien et nous détecte avant nous », explique Jean-Michel Catil, chef de projet faunes à l’association Nature en Occitanie (NEO) depuis 2017. « Jusqu'au siècle dernier en Europe et en France, ce qui a fait décliner les populations c’est l’exploitation par l’Homme des tortues terrestres et aquatiques comme produit de consommation et de compagnie », ajoute encore le naturaliste. Aujourd’hui, l’animal est encore considéré comme un animal de compagnie et des particuliers en capturent pour une détention à usage personnel. Or, l’espèce est protégée sur tout le territoire français, répertoriée comme une espèce d'intérêt communautaire Natura 2000 et est considérée depuis 2014 comme « quasi-menacé » dans le monde par l’organisation non gouvernementale (ONG) Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Pour y faire face, l’État français a engagé un second plan national d’actions (PNA) pour protéger l’espèce. Grâce aux multiples actions de conservations engagées, « la cistude n’est plus forcément menacée à l'échelle nationale », constate le naturaliste, néanmoins il faut « stopper l’hémorragie en termes de déclin y compris dans les zones Natura 2000 ». La dégradation voire la disparition, entre autres, des zones humides détruit par répercussion les habitats naturels de l’espèce, les zones de reproduction et brise la chaîne alimentaire de ces environnements. Le mouvement hygiéniste est aussi passé par là : pour lutter contre la prolifération des moustiques, ces mêmes zones humides et autres points d’eaux comme les étangs ont été asséchés ou bouchés. Enfin, le phénomène croissant de l’urbanisation fait reculer la présence de la tortue aquatique dans les milieux naturels.
En Occitanie, le petit carnivore était présent dans la région toulousaine « au XIXe siècle sur le secteur du Touch » mais pas sur la Garonne car l’espèce préfère les eaux annexes et calmes comme les bras morts. Dans la réserve naturelle régionale (RNR) Garonne-Ariège, aujourd’hui « quelques spécimens qui se comptent sur les doigts d’une main » y trouvent refuge. Selon Jean-Michel Catil, il est impossible de savoir si la présence est la conséquence de l’Homme par introduction ou déplacement ou encore s’il s’agit d’une relique d’une ancienne population.
À travers le plan national d’actions, Nature en Occitanie développe des actions de conservation et de sensibilisation. Des actions qui peuvent être « très techniques ou parfois du conseil » sont concentrées sur une vingtaine de sites dans le Gers et les Hautes-Pyrénées. Cela peut être des communications destinées aux particuliers, aux agriculteurs, aux collectivités territoriales pour éviter, par exemple, « de faire du fauchage ou du gyrobroyage pendant les périodes de reproduction ». En parallèle, l’État prend des arrêtés de protection du biotope qui par exemple règlemente la pêche sur certaines zones. Enfin dans le Lot-et-Garonne, un renforcement d'une population a été mené, il y a quelques années, dans la réserve naturelle de la Mazières dans la basse plaine inondable de la Garonne.
Photo Laurent Illegems/Nature en Occitanie
Si d’aventure vous rencontrez une cistude d’Europe, prenez une photo (même avec votre smartphone), localisez, horodatez, envoyez le tout par e-mail (contact[@]natureo[.]org) à Nature en Occitanie qui réalisera un travail de vérification et de suivi de l’espèce.