Cette page reprend les caractéristiques du site mais également les enjeux au niveau de la rivière Ariège.
Le site 'rivière Ariège' s’étend sur 134 kilomètres : de la confluence avec le ruisseau de Caussou en rive droite (en amont) au niveau de la commune d’Unac (09) jusqu’à la confluence avec la Garonne à Portet-sur-Garonne (31).
Au total, 50 communes sont concernées et 2 départements (Ariège et Haute-Garonne).
Seul le lit mineur fait l’objet de cette étude ce qui correspond à l'espace d'écoulement des eaux formé d'un chenal unique ou de plusieurs bras et de bancs de sables ou galets, recouvert par les eaux coulant à pleins bords avant débordement (Article 1er de l'arrêté du 24 janvier 2001).
Ils sont au nombre de 3 :
- Rétablissement de la libre circulation piscicole du cours d’eau
L’enjeu de la franchissabilité des aménagements hydrauliques (usines hydroélectriques, barrages, seuils…) par les populations piscicoles, est prioritaire sur le site ; en effet, celui-ci a été retenu de par son grand intérêt pour les poissons migrateurs : saumon atlantique, lamproie marine et grande alose.
La présence plus ou moins importante des espèces migratrices et, en particulier, du saumon atlantique est très fortement liée à la présence d’obstacles physiques à la libre circulation des poissons. Il s’agit donc de rendre les ouvrages existant sur l’axe, les plus transparents possibles vis-à-vis de la libre circulation (aussi bien en dévalaison qu’en montaison).
Le bassin de l’Ariège fait l’objet, depuis plus de 20 ans, d’opérations de repeuplement en jeunes saumons (pré-estivaux et tacons) dans le cadre du programme de restauration des poissons migrateurs du bassin de la Garonne. Il concerne un peu plus de 100 000 individus répartis sur 28 ha entre l’amont de Cintegabelle et l’aval de Labarre (45 km de linéaire).
De plus, les géniteurs de grands salmonidés peuvent trouver des zones favorables à leur reproduction en aval du barrage de Labarre [aval de Foix et limite amont de migration en montaison] ; en empruntant des dispositifs de franchissement plus ou moins efficaces. Les frayères de grands salmonidés sont recensées annuellement.
L’enjeu principal est le rétablissement de la libre circulation en dévalaison afin de réduire la mortalité des jeunes saumons dévalant vers l’océan (smolts).
Le deuxième enjeu consiste à favoriser l’accès des géniteurs aux zones de frayères dans les meilleures conditions en facilitant la migration de montaison. Il s’agit de réduire les retards de migration au niveau des ouvrages [élément déterminant d’autant plus si les ouvrages sont situés en aval] et de permettre aux géniteurs d’accéder à des zones de frayères de bonne qualité (situées dans la partie amont du bassin) afin d’atteindre progressivement le renouvellement naturel de la population de saumon.
- Amélioration de la qualité de l’eau
Cet enjeu vise l’amélioration de la qualité de l’eau de l’Ariège. Le maintien voire la reconquête du cours d’eau par certaines espèces aquatiques ou semi-aquatiques ; comme les poissons migrateurs et le saumon atlantique en particulier, ainsi que pour le desman des Pyrénées, doit passer par la bonne qualité de l’eau dans laquelle ils évoluent. Les populations de loutres se nourrissant essentiellement de poissons, une bonne qualité des milieux leur sera profitable en tant que maillon terminal de la chaîne alimentaire.
Globalement, l’analyse des résultats physico-chimiques mesurés sur l’axe indique une bonne qualité de l’eau ; toutefois il est important de noter qu’il n’existe que 5 stations de mesure pérennes (Pont du Diable, Varilhes, Le Vernet, Cintegabelle et Lacroix-Falgarde), réparties sur le cours de l’Ariège.
L’étude des rejets et en particulier ceux des systèmes d’épuration montre une insuffisance de l’assainissement sur la plupart des stations. Ces résultats n’apparaissent pas dans l’étude générale de la qualité de l’eau sur la rivière indiquant une bonne autoépuration du cours d’eau.
Il existe également un risque de pollution diffuse, provenant en particulier des pratiques agricoles en basse vallée de l’Ariège. Ce type de pollution des eaux n’est pas dû à des rejets ponctuels et identifiables, mais à des rejets issus de toute la surface d'un territoire et transmis aux milieux aquatiques de façon indirecte. Cette pollution dite diffuse provient également de l’utilisation de produits phytosanitaires par l’ensemble des riverains de l’Ariège. Les déchets verts et les dépotoirs, retrouvés régulièrement sur les berges, produisent des jus qui peuvent être, dans certains cas, toxiques pour le milieu environnant.
Une bonne qualité d’eau passe également par une bonne gestion de l’aspect quantitatif de la ressource. La rivière Ariège bénéficie d’un fort pouvoir de restitution pendant la période d’étiage, grâce aux barrages du Vicdessos et au réservoir de Montbel. De nombreux pompages, à but d’irrigation, peuvent être observés sur les berges de l’Ariège, en particulier en basse vallée. Ces pompages peuvent avoir une influence directe sur la qualité des habitats d’espèces piscicoles et sur la vie aquatique, lors d’écoulements faibles de la rivière, en particulier dans certains tronçons court-circuités.
Pour en savoir plus sur l'état des milieux et la qualité de l'eau, vous pouvez vous rendre sur le système d'information sur l'eau du bassin Adour Garonne.
- Conservation des habitats
Cette conservation concerne tous les habitats : habitats naturels rivulaires ou aquatiques et habitats d’espèces.
Habitats naturels : conservation et restauration
Les inventaires ont permis de mettre en évidence une richesse en habitats relativement importante. Toutefois, une dégradation de la ripisylve liée aux pressions anthropiques, parfois très fortes le long du cours d’eau, a pu être observée. C’est pourquoi, les habitats naturels et plus particulièrement les forêts alluviales, situés sur les parcelles où des engagements seront pris avec les propriétaires, feront l’objet d’une gestion globale (entretien ou restauration) avec un maintien d’arbres morts, sénescents et à cavités pour la préservation de la biodiversité.
Un constat a également été fait concernant la présence de plantes envahissantes sur des surfaces relativement étendues. Des mesures sont préconisées afin de limiter leur propagation, en particulier en évitant toute perturbation des habitats colonisés et en informant toutes les personnes susceptibles de les manipuler.
Dans le cas de confortements de berges, la pose de béton est à proscrire, sauf impossibilité. Il est préconisé prioritairement l’utilisation d’ouvrages en génie végétal (fascine, caissons, tunage, plantations…) à la pose d’enrochements ou de murs en pierres sèches.
Dans le cas d’atterrissements présentant des habitats d’intérêt communautaire, ils seront à préserver s’ils ne présentent pas de danger pour les populations et les activités humaines (gène des écoulements, érosion des berges …).
Habitats d’espèces
Concernant l’aspect quantitatif de la ressource en eau, la gestion des débits réservés et l’impact des éclusées hydroélectriques ont été abordés en groupes de travail.
La problématique des débits réservés a été approchée dans l’enjeu de l’amélioration de la qualité de l’eau. Le deuxième point concerne le fonctionnement en éclusées : les impacts peuvent être importants sur les peuplements d’invertébrés (réduction de la diversité, de l’abondance et de la biomasse ; dérive accrue) ainsi que sur les peuplements piscicoles. Ces derniers peuvent subir des réductions de biomasses, des mouvements de dévalaison, une diminution des taux de croissance, des changements dans l’abondance relative des différentes espèces et une diminution de la densité ou la disparition de petites espèces vivant en bordure au profit d’espèces généralistes. Dans des cours d’eau larges, les grands bancs de graviers peuvent être découverts entre les éclusées, ce qui peut entraîner l’échouage de poissons ou leur piégeage lors de la descente des eaux ; les frayères peuvent se retrouver à sec si la reproduction a eu lieu lors de débits élevés (la survie est alors compromise) ; les œufs peuvent dériver et la fraie peut être stoppée dans certains cas.
L'impact sur les populations de desman des Pyrénées est vraisemblablement du même ordre que sur les populations piscicoles. Concernant l'impact sur les populations de loutre, dans le cas de forts marnages, des noyades de catiches pourraient survenir.
Ces effets seront à définir d’après un état des lieux à préciser sur l’ensemble de la rivière Ariège, en particulier en amont où ces effets pourraient se faire le plus sentir.
Concernant les populations de loutre, une information est nécessaire envers les chasseurs, les piégeurs et les pisciculteurs, sur la présence récente de cette espèce sur les berges de l’Ariège. De plus, il est nécessaire, afin de préserver la population, d’établir un diagnostic des ouvrages de franchissement de la rivière non adaptés à l’espèce et inclure dorénavant des préconisations lors des nouvelles constructions d’ouvrages de franchissement (ponts …).