Caractéristiques et enjeux

L'Hers à Pelail (MIGADO ©)  Fontestorbes (MIGADO ©) l'Hers à Saint Amadou (MIGADO ©)  L'Hers en amont de Cintegabelle (MIGADO ©)

 

Cette page reprend les caractéristiques du site mais également les enjeux identifiés lors de l'élaboration du DOCOB sur la rivière Hers.

Caractéristiques

Le site s’étend sur 125 km sur la rivière Hers, de la confluence avec l’Ariège (commune de Cintegabelle, 31) jusqu’à la limite intercommunale entre Prades et Montségur. De plus, l’aval du Douctouyre (5 km) est également concerné jusqu’à la confluence avec le ruisseau du Minguet (limite sud d’Arvigna).
41 communes, 3 départements (Ariège, Aude et Haute-Garonne) et 2 régions (Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées) sont concernés.
Le lit mineur de ces 2 cours d'eau est concerné ainsi qu'une portion du lit majeur, située entre Moulin Neuf et Saint Amadou, en particulier pour ses zones humides et la ripisylve.

 

 Enjeux

 Ils sont au nombre de 4 :

  •  Maintien ou amélioration de l’état de conservation des habitats en lit mineur et lit majeur

Sont concernés les habitats naturels rivulaires ou aquatiques et les habitats d’espèces d’intérêt communautaire.

Habitats naturels
Le mileu naturel inventorié a révélé une richesse en habitats naturels très intéressante. Toutefois, les zones trop dégradées pourront faire l’objet d’un entretien voire d’une restauration. La gestion du corridor alluvial concerne la partie arborée mais également la partie arbustive de la ripisylve. La mosaïque d’habitats, nécessaire à l’expression de la biodiversité sera à maintenir ou à recréer dans les zones dépourvues, ceci concerne le lit mineur avec par exemple la succession : bancs de graviers végétalisés – ourlet riverain – ripisylve ; mais également le lit majeur avec la présence de fourrés et un réseau de haies encore bien conservé, en particulier sur le Douctouyre.
Favoriser le maintien d’arbres sénescents et d’arbres à cavités et/ou la préservation d’îlots en vieillissement dans certains secteurs seront également importants pour la protection et le développement de nombreuses espèces telles que les chauves-souris ou les insectes xylophages.

Dans le lit majeur de l’Hers, il existe des plantations de peupliers. Sur ces peupleraies, il est proposé d’essayer d’augmenter localement la diversité végétale en développant un étage arbustif, s’il n’y a pas de préjudice économique, en particulier sur le développement des arbres ; de plus, les rangées les plus proches des berges pourraient faire l’objet d’une plantation d’espèces locales.

Lors des prospections de terrain, un constat a été fait concernant la présence, sur des portions de linéaire relativement étendues, d’espèces végétales envahissantes telles que la renouée du Japon, la balsamine de l’Himalaya, l’ailante ou le buddleia du père David. Les foyers les plus en amont du site sont observés sur la commune de Fougax-et-Barrineuf. Des mesures sont préconisées sur l’Hers et ses affluents afin de limiter leur propagation en particulier en informant toutes les personnes susceptibles de les manipuler (communes en lien avec la gestion des espaces verts, syndicats de rivière, pépiniéristes, administrations qui pratiquent l’entretien des cours d’eau ou des bords de routes…). Les déchets verts peuvent également être une source de propagation. La dynamique de ces espèces végétales envahissantes étant mal connue, un contrôle pourra être entrepris en testant diverses méthodes (fauches répétées, pose de géotextile…) sur des sites pilotes localisés dans des peuplements d’intérêt communautaire ; en cohérence avec les autres DOCOBs du site FR7301822 (la Garonne et ses affluents en Midi-Pyrénées).

Dans le cas de confortements de berges, la pose de béton sera à proscrire, sauf impossibilité. Il est préconisé prioritairement l’utilisation d’ouvrages en génie végétal (fascine, caissons, tunage, plantations..) à la pose d’enrochements ou de murs en pierres sèches. Pour les travaux en rivière ou en berge, les interventions seront à éviter entre les mois d’août et d’octobre pour limiter le dérangement des loutres et de leurs petits. De plus, les préconisations concernant les travaux dans le lit mineur devront prendre en compte les périodes de fraie des espèces piscicoles.


Habitats d’espèces
Le maintien et la préservation des habitats d’espèces sont indispensables à la biodiversité animale terrestre et aquatique. Des propositions d’actions ont été faites sur certaines espèces : afin d’éviter des collisions entre les loutres et les véhicules sur les ouvrages de franchissement, il est préconisé la création d’un passage hors d’eau sous les ponts ; il a également été évoqué la contamination de la chaîne alimentaire des chauves-souris par les traitements antiparasitaires du bétail ; notamment certains vermifuges à base d’Ivermectine qui détruisent les bousiers et autres insectes dont se nourrissent ces mammifères (d'autres vermifuges existent ou des précautions simples peuvent être prises, comme le confinement du bétail après traitement). De plus, dans la lutte contre les ragondins, l’utilisation de la bromadiolone (anti-coagulant utilisé pour la lutte contre les rongeurs) était possible jusqu’en septembre 2008. Des appâts (carottes, maïs) étaient imprégnés de cette substance puis déposés sur des radeaux, les animaux l’ingérant mouraient en 3 ou 4 jours. Il est évoqué des contaminations par des charognards, des prédateurs ou par tout autre animal ayant accès à ces appâts. Il est proposé de ne pas utiliser ce moyen de lutte sur ce site Natura 2000.
Pour le volet piscicole, des inventaires spécifiques sur le barbeau méridional permettront de déterminer plus précisément son aire de répartition sur l’Hers et le Douctouyre qui regroupent, à priori, les populations les plus occidentales.

La présence d’obstacles sur un cours d’eau (seuils, barrages, usines hydroélectriques) entraîne des impacts à différents niveaux : sur le cours d’eau directement, sur son fonctionnement, sur ses populations et sur la dynamique de la végétation rivulaire. Le fait d’avoir un cours d’eau fragmenté entraîne des modifications hydrauliques (atténuation des crues ; présence de débits réservés ; érosion accrue des berges et/ou creusement du lit), une modification du transport solide sur le linéaire et une entrave à la libre circulation des populations piscicoles.
Concernant la qualité des habitats aquatiques, elle est influencée par le régime hydrologique du cours de l’Hers conditionné en grande partie par la présence du barrage de Montbel. Actuellement, le remplissage de la retenue se fait uniquement par les écoulements de l’Hers, une solution alternative consisterait à utiliser également d’autres apports comme ceux du Touyre. Pendant la période de remplissage de la retenue (du 1er octobre au 30 juin), en aval de la prise d’eau, le débit réservé est de 1.2 m3/s. Le barrage de Maubec (le premier en aval de la prise d’eau de Montbel), dessert un canal qui traverse la commune de Sainte-Colombe-sur-l’Hers, le débit réservé dans l’Hers, en aval de ce barrage et avant la restitution du canal s’en retrouve d’autant plus perturbé.
Des variations de niveaux d’eau peuvent être constatées suite aux lâchers de Montbel entre les mois de juillet et d’octobre, pour l’irrigation de la basse vallée et les opérations de transferts (bassin méditerranéen, Lauragais, Ganguise). Ces variations n’ont pas une origine liée à un processus d’optimisation économique d’un outil de production électrique : ce ne sont pas des éclusées à proprement parler. Toutefois, ces variations peuvent avoir des incidences sur les communautés aquatiques : populations d’invertébrés aquatiques (elles peuvent entraîner une dérive accrue) et sur les populations piscicoles (la variation de la ligne d’eau peut avoir des conséquences sur les œufs et les alevins à l’émergence avec leur emportement ou l’exondation des frayères, par exemple). L’impact sur les populations de desman des Pyrénées est vraisemblablement du même ordre et la régression des populations constatée sur l’Hers, non expliquée à ce jour, peut trouver une des causes dans les phénomènes hydrologiques ; l’espèce étant sensible aux variations de débits. Concernant l'impact sur les populations de loutre, dans le cas de forts marnages, des noyades de catiches pourraient survenir.
Il est difficile à l’heure actuelle de quantifier les effets biologiques de ces phénomènes hydrologiques.
Le barrage de Montbel n’a jamais subi de vidange (abaissement du plan d’eau en période d’étiage estival) lors de la visite décennale de contrôle, la dernière a été réalisée au niveau du minimum d’exploitation.
L’ensemble de ces thèmes seront abordés dans des groupes de réflexion qui pourront se réunir pendant la phase d’animation du DOCOB : ‘Gestion du transport solide’ et ‘Hydrologie de l’Hers’.


  • Amélioration de la qualité de l’eau

La préservation des espèces aquatiques ou semi-aquatiques recensées lors de l’étude (voire l’extension de leur aire de répartition) passe obligatoirement par le maintien et l’amélioration de la qualité d’eau. C’est le cas des populations piscicoles directement concernées mais également celui des populations de desman qui se nourrissent d’invertébrés aquatiques particulièrement sensibles à la pollution et aux modifications du régime hydraulique des cours d’eau ; ainsi que des populations de loutre se nourrissant essentiellement de poissons ; une bonne qualité des milieux leur profitera en tant que maillon terminal de la chaîne alimentaire.
Les résultats des analyses effectuées régulièrement par l’Agence de l’Eau Adour Garonne indiquent une qualité correcte de l’eau vis à vis de la quasi-totalité des paramètres physico-chimiques et biologiques mesurés. Il existe 3 stations de mesure pérennes de l’amont vers l’aval : Sainte-Colombe-sur-l’Hers (11), Vals (09) et Calmont (31). Certains paramètres ne sont pas à l’heure actuelle pris en compte sur le linéaire comme la mesure du paramètre ‘Pesticides’ ; il est donc proposé d’y remédier, soit au niveau d’une station pérenne (si possible aux alentours de Calmont), soit par des mesures régulières de ce paramètre sur le site.

Quant au suivi de la qualité hydrobiologique, l’IBGN [Indice Biologique Global Normalisé : cet indice évalue la capacité globale du cours d’eau à héberger les communautés d’invertébrés aquatiques compte tenu de la qualité de l’eau et des habitats] est mesuré à 2 stations (Vals et Calmont), l’IBD [Indice Biologique Diatomique : cet indice reflète la qualité générale de l’eau d’une rivière plus particulièrement vis-à-vis des matières organiques et des nutriments (azote et phosphore)] n’est pas pris en compte sur ce cours d’eau ; l’IBMR [Indice Biologique Macrophytique en Rivière : cet indice permet d’évaluer la qualité écologique des cours d’eau en se basant sur le peuplement végétal aquatique] est mesuré au niveau de Sainte-Colombe et l’indice poisson [il permet d’évaluer la qualité écologique des cours d’eau d’après l’étude de leur peuplement piscicole] est mesuré au niveau de Besset (seul point RHP) complété par une station de référence à Belpech (pêche ONEMA 11 en 2007) et une station de référence à Vals (pêche ONEMA 09 en 2008). Il est proposé de compléter le réseau de suivi des espèces piscicoles avec un point d’inventaires localisé plus en amont.
Il s’agira toutefois d’améliorer la qualité de l’eau, sur le cours de l’Hers, en particulier vis-à-vis des rejets des systèmes d’épuration (pas toujours satisfaisants), des rejets directs dans le cours d’eau (encore trop nombreux), des pesticides et de la pollution diffuse plus généralement. La zone concernée par la prise en compte de l’activité agricole (le lit majeur de l’Hers entre Moulin-Neuf et Saint-Amadou et l’aval du Douctouyre) de même que les communes traversées par l’Hers en aval de Saint-Amadou sont classées en zone vulnérable à la pollution diffuse par les nitrates d'origine agricole, du fait de la présence de nitrates dans la nappe phréatique ; alors qu’il n’y en a que très peu dans l’Hers lui-même. Des améliorations ont pu être notées dans les analyses en nitrates de l’eau de la nappe en moyenne vallée de l’Hers. Les dernières mesures connues tendent à montrer que ces efforts portent leurs fruits : la teneur en nitrates de la nappe phréatique de l’Hers et de la Basse Ariège a sensiblement baissé depuis 2 ou 3 ans. A noter que les nitrates ne proviennent pas que des pratiques agricoles. Concernant les produits phytosanitaires, on retrouve essentiellement une contamination par des désherbants.
Ce classement en zone vulnérable impose certaines contraintes aux agriculteurs, comme la nécessité de réaliser un plan de fumure avec une fertilisation équilibrée (c’est à dire correspondant aux besoins des plantes) et d’enregistrer la fertilisation. Plus généralement, ces dernières années, des progrès ont été constatés par rapport à l’utilisation d’intrants : les agriculteurs sont de plus en plus nombreux à réduire les doses d’application des produits par rapport à la dose homologuée (nitrates, phytosanitaires) tant pour des raisons économiques qu’environnementales ; de plus, ces apports sont mieux fractionnés dans le temps afin que les cultures en profitent au maximum. Le développement d’engrais verts permet de capter des nitrates en hiver et de limiter le recours à des produits phytosanitaires. Cependant, les disparités d’utilisation de pesticides restent importantes d’une culture à l’autre ou d’un agriculteur à l’autre. Globalement, les pratiques agricoles ont évolué et sont plus respectueuses de l’environnement.
Différentes Mesures Agro-Environnementales territorialisées (MAEt) pourront être proposées aux exploitants volontaires localisés dans le périmètre concerné par lit majeur : création de couvert en herbe (à la place de cultures pour limiter la pollution diffuse et favoriser les auxiliaires de culture) ; sur les parcelles déjà en herbe, réduction de la fertilisation et retard de la fauche (faciliter le maintien de la faune et de la flore) ; amélioration des couverts déclarés en gel.
L’enfouissement du bois raméal fragmenté (BRF), constitue également une piste d’action concernant l’enjeu matière organique des sols, la lutte contre l’érosion et la limitation d’intrants dans le milieu naturel.
De nouvelles pratiques sont aussi à encourager comme les techniques culturales simplifiées (sans labour) qui permettent d’éviter la lixiviation des sols (dans le cadre de Contrat Natura 2000). Les bandes enherbées (surface tampon d’herbe en bordure des cours d’eau) sont obligatoires et font partie de la conditionnalité des aides directes de l’Europe : 3 % de la Surface Agricole Utile sont concernés ; il semblerait que cette mesure soit suivie à 95 % ; les cours d’eau concernés sont plutôt les petits affluents de l’Hers ; l’Hers lui-même ayant la plupart du temps une largeur de ripisylve suffisante qui n’oblige pas à implanter une bande enherbée. Il s’agira d’être vigilant par rapport aux pratiques récréatives sur ces bandes enherbées (quads et engins motorisés) qui peuvent les dénaturer. Toujours dans l’idée de préservation de ces espaces, un accord a été passé avec la DDE afin d’éviter le désherbage de ces bandes lors de travaux d’entretien des routes et fossés.
Pour limiter la pollution diffuse ne provenant pas des exploitations agricoles, une information sera diffusée sur l’utilisation des produits phytosanitaires en bordure de cours d’eau et leurs effets sur la vie aquatique, en proposant des solutions alternatives aux riverains, aux communes effectuant l’entretien des espaces verts, aux administrations. Dans certaines communes, comme à Pamiers (09), les espaces verts sont entretenus sans produits phytosanitaires et de nouvelles pratiques ont été mises en place en contrepartie : fauches, pâtures par les moutons ; ces expériences pourront être mises en avant pour inciter d’autres communes à faire de même.

Le maintien de la qualité de l’eau passe également par le maintien d’une quantité d’eau suffisante pour préserver l’équilibre de l’hydrosystème. Le bassin versant de l’Hers est un milieu particulier puisqu’il s’agit d’une zone karstique comprenant de nombreuses résurgences, dont la plus connue est celle de Fontestorbes. Le barrage de Montbel, grand réservoir de 60 Millions de m3, assure un soutien d’étiage à la Garonne, via l’Hers et l’Ariège.
Il s’agira de garantir un débit minimum sur le cours de l’Hers notamment à certaines périodes de l’année où cela semble délicat. Certains débits réservés peuvent poser problème, c’est le cas de celui de Sainte-Colombe-sur-l’Hers. Le droit d’eau à la chaussée de Maubec (située en aval de la prise d’eau de Montbel) a été acheté lors de la mise en service du barrage de Montbel ; ceci pour des raisons de salubrité. Cette question sera soulevée dans un groupe de réflexion dont la thématique sera l’hydrologie de l’Hers (cf Paragraphe ‘Maintien ou amélioration de l’état de conservation des habitats en lit mineur et lit majeur’ partie Habitats d’espèces).
Il y a, actuellement, moins de surfaces irriguées et moins de maïs cultivé dans le bassin versant de l’Hers que dans les années 1990 ; les cultures d’hiver non irriguées, gels enherbés et cultures intermédiaires pièges à nitrates se sont développées en contrepartie. Les quantités d’eau prélevées pour l’irrigation sont mieux ajustées en fonction des besoins des plantes. Certains irrigants sont équipés de sondes, implantées dans le sol, qui permettent de diagnostiquer la nécessité ou pas de l’apport selon la pédologie et les cultures. Les Chambres d’Agriculture, les associations de maïs semence et les agriculteurs ont travaillé en synergie pour diminuer, en 2007, les surfaces de sol irrigué en raison du risque de déficit des réserves (20 % en moins constatés). L’INRA a produit une récente étude sur l’intérêt de cultures moins gourmandes en eau, connues (tournesol, sorgho) ou plus nouvelles comme le chanvre. Il faudrait essayer de valoriser les débouchés pour ces produits dans les coopératives locales.
Une information pourra être diffusée auprès des préleveurs d’eau (irrigants et consommateurs d’eau potable lambda) sur la présence d’un site Natura 2000 ‘cours d’eau’, sur les économies d’eau et pourra prévenir des conséquences du manque d’eau en rivière sur les communautés aquatiques. Il s’agira également de valoriser ce qui est pratiqué dans certaines communes innovantes en termes de récupération d’eau de pluie (pour l’élevage - sous certaines conditions - ainsi que l’arrosage d’espaces verts) ou l’utilisation d’eau provenant de puits communaux (commune de Molandier).

Concernant la température de l’eau restituée à la sortie de Montbel, il s’agira de vérifier s’il existe ou non un suivi des températures. En effet, le barrage restitue l’eau à 3 niveaux de profondeur de la retenue du 1er juillet au 31 octobre. Il s’agirait d’être vigilant aux températures de l’eau en aval de la restitution en particulier vis-à-vis des populations piscicoles migratrices.

  • Fonctionnalité du cours d’eau

Espace de mobilité du cours de l’Hers - Divagation
La surexploitation des alluvions de l’Hers moyen (8 millions de m3) et les modifications de l’occupation des sols du bassin versant sont à l’origine d’un déficit en matériaux et donc d’un dysfonctionnement du cours d’eau. Les crues les plus fréquentes (crues décennales) ont des impacts très importants sur les berges en particulier dans la zone d’étude concernée par le lit majeur où le lit divague le plus. Pour exemple, une centaine de peupliers sont arrachés annuellement dans une propriété. En effet, le cours d’eau cherche à compenser le déficit en charge solide par une augmentation de la sinuosité et une recharge latérale en matériaux.

L’étude géomorphologique commandée par le SMAHA ‘Expertise géomorphologique Hers Vif et Ambronne’ (2007) a mis en évidence l’importance de laisser un espace de mobilité à l’Hers, où la divagation devra être laissée libre pour permettre la recharge sédimentaire. La divagation de l’Hers est un phénomène naturel et nécessaire au retour à un équilibre sédimentaire de la rivière pour une double raison : en divagant les rivières cherchent à dissiper leur énergie et l’érosion des berges permet une recharge du stock sédimentaire notamment dans les zones de forte production (plaine de Mirepoix – Besset). Sur le Douctouyre, l’espace de liberté est maintenu par la présence de breilhs (100 à 200 m de part et d’autre du cours d’eau).

Cette thématique pourra être abordée dans un groupe de réflexion ‘Espace de mobilité de l’Hers’. L’acquisition foncière pour permettre cette libre divagation est prévue au Code de l’Environnement et pourra être mise en œuvre via le Conservatoire des Espaces Naturels d’Ariège ou la SAFER. Sur le département de l’Ariège aucun Espace Naturel Sensible (ENS) n’a encore été institué. La mise en place d’une information, en particulier auprès des élus et des riverains sera fondamentale.


Libre circulation
L’Hers est une rivière aménagée comportant 7 usines hydroélectriques (dont 2 au niveau du barrage de Montbel – l’eau étant turbinée à son entrée et à sa sortie) et 39 seuils, chaussées ou barrages, la plupart de ces obstacles n’ayant plus actuellement de vocation.
Il est proposé d’envisager la reconquête du saumon atlantique sur le cours de l’Hers, ceci pourra être exposé au ‘Groupe Migrateurs’ qui pilote le programme de restauration des poissons migrateurs sur le bassin de la Garonne. Les éléments n’ayant pas favorisé l’engagement du programme « migrateurs » sur l’Hers à la fin des années 1990 ne sont plus d’actualité : la pollution du Touyre a été enrayée et des efforts ont été faits pour la libre circulation ces dernières années. De plus, le bassin versant de l’Hers abrite un élevage extensif de jeunes saumons sur les lacs de Prat St Marty et de Moulzoune.

Concernant la réglementation appliquée sur le cours de l’Hers vif ; il s’agit d’un cours d’eau classé (article L432-6 du Code de l’Environnement) par le décret du 20/06/1989. Le secteur classé intéresse le cours de l’Hers à l’aval de la confluence avec la Trière ; dans ce tronçon, il n’y a pas de classement dans le département de l’Aude. Il s’agit également d’un cours d’eau réservé sur la totalité de son cours par les décrets du 28/07/1987, du 25/04/1989 et du 08/09/1995. Sur la zone concernée par le classement, aucune autorisation ou concession ne peut être donnée pour des entreprises hydrauliques nouvelles. Concernant les axes bleus du SDAGE, l’Hers vif est classé sur la liste 2 sur la globalité de son cours (le SDAGE émet le souhait que d’ici son terme -2006- les programmes de restauration des poissons migrateurs aient commencé – notamment vis-à-vis du rétablissement de la libre circulation des poissons-). Il n’y a pas de protection par arrêté de biotope des habitats localisés dans le département de l’Ariège et de l’Aude ; pour le département de la Haute-Garonne, l’arrêté date du 17/10/1989 et concerne l’alose, le saumon et la truite de mer.

Il est donc préconisé une mise en conformité des installations présentes sur l’Hers. De plus, vu que la plupart des barrages n’ont plus de vocation économique, il est proposé le rachat des droits d’eau ou l’effacement d’un seuil ou barrage, après un diagnostic préalable et une étude de suivi des opérations sur 2 années.

  • Information et sensibilisation

Les riverains rencontrés lors des prospections de terrain et les acteurs locaux qui ont participé aux groupes de travail ont souhaité développer l’information autour du site Natura 2000, de sa biodiversité, de ses espèces remarquables (loutre d’Europe, desman des Pyrénées, chauves-souris, habitats naturels…) mais également autour de certains thèmes comme les économies d’eau ou les déchets en bordure de cours d’eau.

L’information sera à adapter en fonction du public concerné selon les types d’utilisateurs de la rivière et les acteurs locaux : riverains, gestionnaires, pratiquants d’activités récréatives, professionnels du tourisme, scolaires, touristes …