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DES JEUDIS NATURA 2000 GARONNE EN OCCITANIE !
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La loutre d'Europe et son habitat
La loutre d'Europe (Lutra lutra), souvent qualifiée de «loutre commune» dans les pays d'Europe où elle est présente, est une espèce de mammifères carnivores semi-aquatiques vivant principalement le jour. Elle est l'une des trois espèces de loutres se rattachant au genre Lutra. En France, on ne trouve que cette seule espèce de loutre. Elle est implantée dans les rivières de notre région mais aussi sur les sites Natura 2000 Garonne Occitanie. Menacée par l'Homme, la loutre fait l'objet d'un suivi en cours depuis 2001 et une convention «Havre de paix» permet d'instaurer des zones de protection pour l'espèce.
Photo Jean-Pierre Malafosse
Avec sa silhouette adaptée à la vie en milieu aquatique, la loutre a un corps long et fuselé de 60 à 80 cm en moyenne sur de courtes pattes pour un poids pouvant aller de 5 à 15 kg. Sa hauteur est d'environ 30 cm au garrot. Elle possède une queue épaisse à la base et s'effilant vers l'extrémité sur 30 à 40 cm de longueur. Elle est dotée de doigts griffus et palmés. Ses yeux et oreilles sont placés sur un crâne plat et large. Sa fourrure est constituée de poils courts et longs qui s’emboîtent pour la protéger du froid et de l’eau. En effet, son pelage brun foncé est composé de deux couches : la première avec le poil de bourre court, très fin, dense et laineux et la seconde avec le poil de jarre long, lisse, brillant et imperméable. Des zones plus claires sont situées du museau jusqu’au ventre. En mode plongée, ses narines et oreilles se ferment hermétiquement. Grâce à une modification du cristallin, elle a une excellente vue sous l’eau. C’est aussi une bonne nageuse grâce à ses pattes palmées. Enfin, ses vibrisses lui servent à détecter ses proies. La loutre est d'abord piscicole néanmoins elle peut consommer des crustacés, des mollusques, des insectes, des amphibiens, des petits mammifères, des baies et des oiseaux.
Habituellement solitaire et occupant 5 à 15 km de rives le long d'un cours d'eau, l’espèce est présente dans tous les types de milieux aquatiques à conditions que la ressource alimentaire soit disponible et en quantité suffisante. La taille des territoires varie en fonction du sexe : environ 10 km pour la femelle et jusqu’à 30 km pour un mâle. Le territoire d’un mâle peut recouvrir celui d’une ou plusieurs femelles. La loutre fréquente les rives de rivière, les lacs, les étangs, les canaux et même les bords de mer si elle dispose d’eau douce à proximité. Elle apprécie les masses d’eaux bordées d’une ripisylve. En montagne, on peut la trouver jusqu'à une altitude de 1.300 m et au-delà à quelques rares occasions. En Occitanie, la loutre est présente sur les contreforts du Massif central dans l'Aveyron, le Lot, aussi bien en plaine qu’en montagne dans les Hautes-Pyrénées, la Haute-Garonne et l’Ariège. «En 2014, lors de précédents travaux, l'animal a été mis en évidence des Pyrénées jusqu'aux portes de Toulouse», explique Maxime Belaud, chargé d'études «mammifères» de l'association Nature en Occitanie (NEO). Sa présence a également été détectée tout le long de la Garonne entre la Ville rose et Moissac (82). De nouvelles recherches devront déterminer comment le carnivore semi-aquatique a recolonisé le fleuve : «est-ce depuis les Pyrénées en traversant la métropole toulousaine ou en la contournant via des affluents ?», s'interroge NEO.
Carte de répartition des loutres d'Europe dans l'ex-région Midi-Pyrénées - Nature en Occitanie (NEO)
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La loutre fait sa tanière (qu’on appelle «catiche») soit entre les racines des arbres de berges des cours d'eau, soit dans d'autres cavités rocheuses ou encore dans le terrier d'une autre espèce. La catiche contient souvent une entrée plus ou moins dissimulée au-dessous du niveau d'eau avec un conduit d'aération. La loutre est connue pour changer régulièrement de tanière et emprunte les mêmes passages d'une berge pour se mettre à l'eau, ce sont les «coulées». Lorsqu’elle en ressort, la loutre se roule dans l’herbe pour essuyer sa fourrure sur des zones reconnaissables appelées «places de ressui». Vivant le jour, on peut rencontrer une loutre tôt le matin ou au coucher du Soleil. Néanmoins, elle s’est habituée à vivre la nuit pour éviter le contact avec les humains. La loutre est en âge de se reproduire vers 3 ans pour la femelle et 4 ans pour le mâle. Elle peut s’accoupler toute l’année. Avec une gestation de 60 jours, la portée est de un à trois loutrons que la mère élève seule.
À gauche, l'entrée d'une catiche et à droite, l'intérieur d'un terrier - Photos J'Agis pour la nature et Écoles du Jura
La principale menace pour sa survie est la circulation routière lorsque les conditions météorologiques entraînent une montée des eaux. Les inondations imposent aux loutres de franchir les ponts par la route. Même si de récentes études semblent démontrer que la loutre est moins sensible à la dégradation de la qualité de l’eau, la pollution des eaux par les pesticides et les engrais peuvent avoir pour la loutre les mêmes conséquences que sur les autres mammifères. Elle pourrait être concerné par des problèmes de fertilité. En effet, étant au sommet de la chaîne alimentaire la loutre est une espèce bio-accumulatrice. Elle ingère les différents métaux lourds que ses proies ont précédemment ingurgité. Enfin, la fragmentation de son habitat et la gestion forestière peuvent être des facteurs limitants la population dans son aire de répartition.
Photo Bruno Mathieu - Biosphoto
Protégée par plusieurs textes de loi dont deux directives européennes (CE/92/43 publiée le 21 mai 1992 et CE/97/62 publiée le 27 octobre 1997), la loutre est lentement passée d'une espèce classée nuisible ou indésirable à celle d'une espèce patrimoniale. «Jusqu'à la fin du XXe siècle, ce mustélidé était chassé pour sa fourrure et pour les dégâts qu'il occasionnait dans les piscicultures et les cours d'eau», poursuit le chargé d'études de NEO. Depuis 2010, dans le cadre du 1er plan national d'action (PNA) initié par la Société française pour l'étude et la protection des mammifères (SFEPM), une action scientifique participative permet d'instaurer sous la forme d'une convention des «Havre de paix», zones protégées pour les loutres. Ces espaces, publics ou privés, peuvent être des parcelles traversées ou bordées par un cours ou un plan d'eau, ou encore une zone humide. «En protégeant ces espaces pour la loutre, on agit également pour la préservation des milieux aquatiques et des espèces associées (amphibiens, odonates, poissons, etc). Ici, la loutre fait office d'espèce parapluie !», s'enthousiasme Maxime Belaud. Une fois le label contre-signé avec Nature en Occitanie, le propriétaire foncier s'engage «à maintenir un couvert végétal sur le site, à conserver les gîtes naturels présents, à remplacer les chemins le long d'une berge par des accès ponctuels aux berges, etc.». Quant aux activités humaines, elles devront être encadrées et d'autres interdites : interdiction d'utiliser des appâts empoisonnés, interdiction d'utiliser des pesticides, banissement de dépôts de grilles/grillages sur les éventuels cours d'eau, etc. Dans le périmètre de l'ancienne région Midi-Pyrénées, deux sites sont conventionnés avec le conservatoire d'espaces naturels (CEN) Occitanie : l'un à Castelnau-de-Brassac et l'autre à Paulinet, deux communes du Tarn.
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