n°5 - Avril 2021

 

BIENVENUE SUR LA CINQUIEME EDITION DES JEUDIS NATURA 2000 GARONNE EN OCCITANIE ! 

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Les espèces exotiques envahissantes (EEE), aucun milieu naturel épargné !

 

Les espèces exotiques envahissantes (EEE) font parties des cinq causes majeures de l’érosion de la biodiversité, au même titre que la fragmentation et destruction des habitats, la surexploitation d’espèces sauvages, les pollutions de l’eau, de l’air et des sols et enfin, le réchauffement climatique. Ce dernier étant considéré comme un accélérateur de ces phénomènes d’érosion. Dans le cadre des actions Natura 2000 menées sur le grand site de la Garonne en Occitanie, des actions de restauration incluses dans des contrats Natura 2000 prennent en compte cette problématique. Parce que ce phénomène n’épargne aucun milieu naturel, il paraît nécessaire d’informer le grand public sur cette thématique et c’est pourquoi, l’édition d’avril des Jeudis Natura 2000 est dédiée à ce sujet.

 

Quelques généralités sur les EEE

La Convention sur la diversité biologique (CDB), le Programme mondial sur les espèces exotiques envahissantes ou encore l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) définissent une espèce exotique envahissante (EEE) comme étant une espèce non indigène dont l’introduction par l’Homme (volontaire ou fortuite), l’implantation et la propagation menacent les écosystèmes, les habitats ou les espèces indigènes avec des conséquences écologiques et/ou économiques et/ou sanitaires négatives.

De nombreux exemples d’invasions biologiques peuvent être cités tels que l’écrevisse américaine, la tortue de Floride, le frelon asiatique, ou encore la jussie, une espèce végétale amphibie bien implantée en Garonne. D’après l’UICN, les coûts générés par la gestion et la réparation des dommages causés par les EEE ont été estimés à plus de 12,5 milliards d’euros par an en Europe continentale. Suite à ces constats, une stratégie nationale relative aux espèces exotiques envahissantes a été lancé en 2017 avec 4 axes principaux : la prévention sur l’introduction et la propagation des EEE, les interventions de gestion des espèces et la restauration des écosystèmes, l’amélioration et la mutualisation des connaissances et enfin, la communication et la sensibilisation.

La grande majorité des EEE tolèrent des conditions environnementales défavorables pour la plupart des espèces indigènes, ce qui accentue le caractère envahissant et compétitif par rapport aux espèces autochtones. En effet, si l’on prend l’exemple d’une espèce amphibie comme la Jussie (Ludwigia grandiflora), très présente sur les berges des cours d’eau à l’interface de l’eau et de l’air, elle supporte des périodes prolongées de sècheresse comme d’immersions, des variations de luminosité de grande amplitude (très ensoleillé comme très ombragé) ou encore des variations de températures excessives (courtes périodes de gel comme périodes de sécheresse). C’est cette amplitude écologique commune à un grand nombre d’EEE qui explique en partie leur capacité d’adaptation dans de multiples milieux naturels et ensuite, leur colonisation massive, en l’absence de gestion.

 

Jussie à grande fleur. Crédit photo : SMEAG.

Suite à l’étude de nombreuses EEE et leurs écologies, des perspectives de gestions adaptées selon le milieu naturel ont pu être mises en place. A titre d’exemple, l’ONEMA a publié en 2016 un guide dédié aux retours d’expériences sur les EEE retrouvées dans les milieux aquatiques. Cette problématique récurrente fait l’objet d’une veille importante notamment lors de travaux d’ordre génie-civil ou génie-écologique. En effet, des guides d’identification et de gestion des espèces végétales exotiques envahissantes retrouvés lors de phases de travaux, ont été publiés afin d’accompagner et de former les entreprises dans cette veille à la propagation d’EEE.

Des documents supplémentaires concernant la prise en compte des EEE lors de travaux sont téléchargeables ici.

Qu'en est-il en Occitanie ?

En Occitanie ou ex Midi-Pyrénées, un Plan Régional d’Actions (PRA) « Plantes Exotiques Envahissantes (PEE) en Midi-Pyrénées », a été mis en place sur le territoire de 2013 à 2018. Les 21 actions du PRA en faveur de la lutte contre les plantes exotiques envahissantes, déclinées du Plan National d’Actions (PNA) ont été adaptées au territoire en termes d’espèces et de gestions avec pour principaux objectifs la gestion précoce des espèces, le travail collectif et une meilleure évaluation des impacts selon les milieux et les usages. Le Conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées, animateurs de ce programme, ont créé un site internet dédié au grand public et aux professionnels permettant d’informer les lecteurs sur divers points d’actualités relatifs à ce plan. Des échanges d’informations entre professionnels, des données sur les espèces, des préconisations en matière de prévention et de lutte adaptée ou encore des documents bibliographiques sont à dispositions de quiconque souhaiterait en apprendre davantage sur les actions menées.

Ce plan a également été l’opportunité de réaliser un état des connaissances des plantes exotiques envahissantes présentes sur le territoire et parmi lesquelles, les ambroisies peuvent être largement citées.

Ambroisie à feuilles d'armoise. Crédit photo : Centre de ressources EEE.

En effet, ces herbacées aux propriétés allergéniques, font l’objet d’un suivi à travers un plan de lutte départemental dans le Tarn-et-Garonne. Plusieurs webinaires ont été consacrés à la formation du grand public sur cette espèce en 2020 et se poursuivra très probablement en 2021. En partenariat avec le CPIE Terres toulousaines, l’ARS met en place des campagnes d’arrachages à partir de mi-juin, période où les plantes émergent.

Pour plus de renseignements sur cette espèce, vous pouvez consulter la fiche N°3 de ce guide.

Des espèces arborées envahissantes sont également largement représentées en Occitanie comme l’Erable negundo ou le Robinier faux-acacia. Certaines actions Natura 2000 permettent de maîtriser la croissance de ces espèces à travers des contrats de gestion des EEE.

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Natura 2000, un levier contre les EEE

Retour sur un contrat Natura 2000 de gestion des espèces végétales invasives sur le cours d'eau de l'Ariège

Le Sicoval, communauté d’agglomération du Sud-Est Toulousain a contractualisé, en mai 2011 avec l’Etat, sur la mise en place de 3 contrats forestiers sur les ramiers de Lacroix-Falgarde et Clermont-le-Fort. Parmi ces 3 contrats, un concerne spécifiquement la gestion des espèces végétales invasives. L’objectif de ce contrat était de mener une lutte raisonnée contre les espèces végétales exotiques et invasives (le robinier pseudo acacia, l’ailante, la renouée du Japon, le buddleia et la balsamine de l’Himalaya) qui perturbent le fonctionnement des écosystèmes par leur prolifération et menacent la diversité biologique indigène.

Les chantiers ont consisté en :

  • l’arrachage de la renouée du Japon :

La technique de l’arrachage a été pratiquée avec une récolte de la totalité des tiges arrachées et brûlées sur place. Selon les années, entre 2 et 4 passes par an ont pu être pratiquées pendant le contrat et ces arrachages continuent. Ces zones traitées pour la renouée ont été replantées avec des espèces locales de la ripisylve pour concurrencer l’espèce et restaurer un habitat d’intérêt communautaire. Les densités/recouvrements semblent diminuer dans les placettes suivies avec couverts forestiers modérés avec une augmentation en parallèle de l'emprise d'espèces herbacées autochtones (composées notamment d’orties et également de ronces). La renouée a presque disparu sur une placette en ripisylve fermée.

Intervention de Lucane (a), pied de renouée (b) et repousse de la renouée avant la 4ème passe (c) (MIGADO ©)

                     

  • l’arrachage de jeunes rejets d’ailante :

Un arrachage manuel a été pratiqué sur les individus de moins de 2 mètres de hauteur pendant la durée du contrat et continuent. Les éléments récoltés ont été brûlés sur place. Là où l’arrachage a été effectué, la régénération est bien présente et les populaition présentent de fortes densités.

Jeune plant d’ailante avant arrachage (MIGADO ©)

                          

 

  • le traitement de gros ailante par annelage selon différentes modalités :

Pour les individus dont la hauteur était supérieure à 2 mètres, une scarification a été réalisé, la première année, sur 90% de la circonférence du tronc. L’année suivante, une nouvelle entaille a été pratiquée sur les ailantes déjà ciblées au-dessus de celle déjà réalisée mais disposée en quinconce. Les plus gros sujets ont fait l’objet d’une nouvelle scarification l’année suivante (2ème ou 3ème selon les individus). Les premières observations montrent un affaiblissement des sujets les plus âgés (peu de rejet de souche, perte du feuillage). Sur les petits sites, dans les zones avec diversité de boisements, beaucoup de descente de cimes sur ces sujets. Des rejets en dessous des scarifications (arrachage annuel), mais peu/pas de rejets de souches.

Scarification des ailantes (MIGADO ©)

                 

 

  • la coupe de gros individus de robiniers pseudo-acacias avec traitement à la purée d’ail :

Les sujets ont été abattus et un traitement à l’ail a été appliqué sur des entailles faites dans les souches. Les résultats de cette technique sont aléatoires selon les zones traitées ; moins de 30 % de réussite durant la première année.

Le suivi scientifique des sites identifiés pour la gestion des espèces invasives a été réalisé par l’ANA-CEN d’Ariège pendant la durée du contrat et se poursuit. Deux types de protocoles ont été mis en place en fonction des espèces traitées, qu’elles soient arborées ou arbustives. Des quadras ont été matérialisés et ont été inventoriés régulièrement pour permettre de donner des tendances sur la dynamique des espèces, et en particulier celle des espèces invasives.

Rejet d’une souche d’acacia après traitement à l’ail (droite) -
Souche d’acacia morte après traitement à l’ail (saignées dans le liber à gauche) (MIGADO ©)

   

 

 Le saviez-vous ?

La préservation de la biodiversité est l’affaire de tous ! De simples gestes au quotidien peuvent limiter la propagation des EEE tant pour les professionnels que les particuliers. Quelques conseils de bonnes pratiques :

    - Lors de l’implantation de haies, privilégier des espèces locales et diversifiées pour un bon fonctionnement écologique et une meilleure résistance à d’éventuelles maladies

    - Lors de la coupe de haies ou de ripisylves (végétation rivulaire), privilégier les espèces invasives afin de les maîtriser et procéder à la coupe avant la période de grenaison

    - Eviter de relâcher les animaux de compagnies (ex. : tortues de Floride) ou plantes d’aquariums dans le milieu naturel car ce sont des espèces qui ne sont pas adaptées aux milieux naturels et peuvent s’avérer envahissante et compétitrice par rapport aux espèces indigènes.

Un arrêté ministériel disponible ici, précise la liste des espèces pour lesquelles l’introduction dans le milieu naturel est interdite.

    - Pour les agriculteurs, privilégier le travail des parcelles dépourvues d’EEE en dernier afin de ne pas contaminer les autres parcelles ou nettoyer les engins agricoles permettant de limiter la dissémination

 

Pour plus de conseils, vous pouvez vous rapprocher de votre communauté des communes dont vous dépendez ou syndicat de rivière afin de vous conseiller sur les espèces à caractère invasif à éviter et les essences préconisées.

 

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Le QUIZZ du mois

Connaissez-vous bien les Espèces Exotiques Envahissantes ?

 


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Merci pour votre attention ! On se retrouve en mai pour une nouvelle édition !